Les envois “ENREGISTRES”
Reprenons tout d’abord
l’arrêté postal de création du service, issu du livre d’André De Cock «
Le Congo Belge et ses marques postale » pages 72/73 :
Instructions relatives à l’arrêté de 25 janvier 1898
Création du Service des
« Envois Enregistrés »
« D’après les indications
actuelles de notre service postal, le dépôt d’un objet de correspondance
« ordinaire » à la poste et son acheminement à destination ne se
trouvent constatés par aucun document. En cas de perte ou de retard, les
enquêtes risquent, dans ces conditions de rester infructueuses le plus
souvent.
« A
la suite de certaines demandes, le Gouvernement a été amené à rechercher
ce qu’il aurait lieu de faire pour assurer plus de sécurité à
l’expédition et à la réception des objets de correspondance, sans
cependant généraliser le service des envois recommandés dont
l’Administration ne pourrait, dans les circonstances actuelles, assumer
la responsabilité dans le Haut-Congo.
« C’est dans ce but que l’arrêté de M. le Secrétaire d’Etat, du 25
janvier 1898, institue le Service des « Envois Enregistrés ». Cette
appellation a pour objet d’éviter une confusion de ce service avec
celui des « Envois Recommandés », dont il est entièrement distinct.
« Les mesures suivantes ont été prises pour assurer l’exécution de cet
arrêté :
« Moyennant une taxe supplémentaire de 0 fr. 15 par envoi,
l’expéditeur d’un objet de correspondance pourra demander, là où
n’existe pas encore le service des recommandés, qu’il lui soit délivré
un récépissé de son dépôt et que son objet soit spécialement mentionné à
la feuille d’avis des dépêches dans lesquelles il sera contenu.
« Cette disposition de l’article 1 de l’arrêté trouvera donc son
application immédiate dans toutes nos sous-perceptions des postes,
exception étant faite pour les bureaux de Banana, Boma et Matadi, (1) où
de tels enregistrements n’auraient pas de raison d’être, puisque la
formalité de la recommandation y existe.
« Une lettre enregistrée dans le service intérieur paiera la taxe
ordinaire de 0 fr. 15 plus celle de 0 fr.15 pour droit d’enregistrement,
ou 0 fr.30.
« L’enregistrement est une formalité de service interne, mais qui peut
cependant s’appliquer aux objets de correspondance à destination de
l’étranger, jusqu’au moment où ils entrent dans le service
international : ils peuvent faire l’objet d’un récépissé au bureau de
postes de départ et être mentionnés à la feuille d’avis accompagnant la
dépêche depuis le bureau expéditeur jusqu’au bureau d’échange (Boma ou
Banana).
« Un tel objet enregistré est et reste, dans son acheminement ultérieur
en service international, un objet de correspondance ordinaire, à moins
qu’il n’ait été recommandé à l’un des bureaux autorisés à recevoir des
plis de ce genre.
« Ainsi, un expéditeur peut, à une sous-perception de l’intérieur,
faire enregistrer un objet à destination de l’étranger ;
l’affranchissement sera de 0 fr.50 (taxe ordinaire pour l’étranger) plus
0 fr.15 (taxe d’enregistrement). Cet objet, arrivant dans le Bas-Congo,
pourra être recommandé par le mandataire (2) de l’expéditeur à la taxe
usuelle
de
0 fr.50. Comme il pourrait se faire que l’expéditeur n’eut pas de
mandataire dans le Bas-Congo ou que ce mandataire ne fût pas avisé du
passage des correspondances à recommander, les bureaux des postes de
l’intérieur admettent, moyennant l’affranchissement préalable total de 1
fr. 15 (3) , les objets de correspondances enregistrés, destinés à être
recommandés à Boma ; dans ce cas, ils inscriront à la feuille d’avis la
mention : « A recommander par le bureau de Boma, frais payé », en y
ajoutant l’indication du nom de l’expéditeur.
« L’Administration n’assumant aucune responsabilité en cas de perte, ou
de retard dans la transmission des objets enregistrés, elle a jugé
inutile de confectionner des registres constatant la remise de ces
objets aux destinataires et s’est bornée à l’établissement de registres
spéciaux pour les dépôts, numérotés de 1 à 500 ; le reçu à détacher de
ces registres constituera le reçu de l’expéditeur.
« Il n’a pas paru, d’autre part, nécessaire d’apporter actuellement des
modifications au texte des feuilles d’avis utilisées dans les relations
intérieures entre bureaux ; il suffira que les percepteurs barrent à
gros traits le mot « recommandé » qui se trouve au recto de ces feuilles
pour le remplacer par celui de « enregistré ».
« Des timbres humides pour l’apposition du mot « enregistré » sur
l’enveloppe des correspondances soumises à cette formalité, seront
envoyés prochainement à toutes les sous-perceptions des postes, en même
temps que les registres spéciaux dont il est question ci-dessous.
« Le numéro de l’enregistrement sera transcrit à la main par le
percepteur, à coté de l’empreinte du timbre « enregistré ».
« Les instructions qui précèdent seront portées à la connaissance des
agents intéressés .
Le Gouverneur Général, a.
i .,
F. FUCHS.
(1)
(2) (3) voir commentaires et modifications de l’arrêté dans la
suite.
(1) à
partir du 15 mars 1900, Léopoldville devient une perception et donc le
premier bureau de recommandation rencontré par les courriers venant de
l’intérieur.
Tous les plis connus
sont au XXème siècle et ont donc été recommandés à Léopoldville ; il
serait intéressant de trouver un « enregistré » au XIXème siècle qui
serait recommandé à Boma.
En résumé, voici les cas
possibles, ainsi que le nombre de pièces connues par l’auteur à ce
jour.
Affranchissement |
Tarifs
Connus |
1.40 Fr |
·
Lettre en international (50c) + recommandé (50c) + enregistré
(15c) + accusé de réception (25c) |
1.15 Fr |
·
Lettre en international (50c) + recommandé (50c) + enregistré
(15c)
·
Carte-vue avant mai 1902 en international (50c) + recommandé
(50c) + enregistré (15c) |
80c. |
·
Entier postal (15c) + recom.(50c) + enregistré (15c) |
45c. |
·
Imprimé enregistré vers l’intérieur |
30c. |
·
Entier postal en international (15c.) + enregistré (15c.)
·
CV
après le 01/05/02 en international + enregistré (15c) |
Franchise |
·
Lettre administrative vers l’intérieur en franchise + griffe
enregistré |
Aucun timbre Mols n’a été émis pour pouvoir réaliser un affranchissement
unique de ces tarifs ; tout porte à croire que ce service était entaché
d’un caractère provisoire pour répondre à une « certaine » demande. Il
n’est donc pas possible de trouver des plis « enregistré » avec timbre
seul.
Les plis rencontrés venaient de :
·
Popocabacca sous-perception 15 juillet 1899
·
Ibembo
sous-perception 2 janvier 1900
·
Ibembo
sous-perception septembre 1900
·
Ibembo
sous-perception 30 avril 1902
·
Basoko
sous-perception 24 septembre 1902 (*)
·
Basoko
sous-perception 30 septembre 1902 (*)
·
Tumba-mani
sous-perception 7 mars 1903
·
Pweto
bureau auxiliaire 3 mai 1903
·
Basongo
sous-perception 14 mai 1903
·
Basoko
sous-perception 26 mars 1904
·
Uvira
sous-perception mars 1907
(*)
même archive
Entiers postaux portant au verso l’ensemble des griffes du bureau,
apposées sur ordre :
·
Nyangwe
sous-perception 19** (année muette)
·
Chute
François-Joseph sous-perception 1905
Les envois devant être recommandés à Léopoldville pour le service
international, portent, en général (3), dès le départ
l’affranchissement global et parfois la mention
«
à recommander à Léopoldville » ; nous n’avons jamais vu d’ajout du
montant de la recommandation par un tiers mandataire à Boma ou plus tard
à Léopoldville. (2)
Par contre des expéditeurs ont souhaité mettre leur envoi sous « ENREGISTRE »
uniquement, sans les recommander ; soit par méconnaissance de la
procédure, soit pour les « protéger » pendant leur périple dans le
Congo. On rencontre donc la mention apposée à Léopoldville :
« affranchissement insuffisant pour recommandation ».
Aucun formulaire postal n’a été vu (pas encore !) portant la mention « ENREGISTRE »,
ni sur les feuilles de route, ni sur les récépissés de recommandation,
ni récépissé d’enregistrement, …
Le
règlement postal de M. Fuch nous donne la date d’entrée en vigueur de
l’emploi des ENREGISTRE mais aucun arrêté n’en fixe la fin ; seule la
pénétration de la recommandation dans le Haut Congo en fixe les limites.
La
recherche des premières dates connues en recommandation permettrait de
figer les limites, bureau par bureau, de l’emploi des « enregistrés ».
Toutefois, il semblerait que dans le Moyen Congo la recommandation ait
été généralisée vers 1905 ; seules des sous-perceptions très éloignées (Uvira
par exemple) enregistre encore vers 1907. La poste du Congo Belge de
1909 n’a plus de Service des Enregsitrés.
Sans
beaucoup nous tromper, nous pouvons aisément affirmer que les documents
sous « ENREGISTRE » sont très rares ; peu connus, donc peu recherchés.
Nous espérons que cet article incitera les collectionneurs à vérifier
dans leurs albums et à nous signaler leurs éventuelles découvertes.
Lettre enregistrée &
recommandée – 1.15 Frs
Lettre partant de Basoko le 26
mars 1904 à destination de Liège où elle parvint le 23 mai. Mise en
« enregistré » sous le numéro 477, affranchie au tarif global dès le
départ, avec mention « Enregistrer et recommander ». Tous les timbres
sont oblitérés au départ.
Passage par Bumba le 1er avril et arrivée à Léopoldville le
25 avril où on biffe la griffe « ENREGISTRE » et mise en recommandation
sous le numéro 1167. Apposition du dateur de Léopoldville sur le 40c.
insuffisamment annulé (cachet de Basoko trop faible).
La
lettre repart de Léopoldville le 28 avril. Arrivée en Belgique le 23
mai : Bruxelles Réception & Liège Valeurs.
Timbre à 50c. enlevé. Les deux seul plis connus(1 lettre & 1 devant)
sont hélas avec timbres manquants.
Lettre partant d’Ibembo à
destination de Bruxelles où elle parvint le 20 novembre 1900. Mise en
« enregistré » sous le numéro 4, affranchie au tarif global dès le
départ, avec mention « recommander et Enregistrer ». Tous les timbres
sont oblitérés au départ.
Arrivée à Léopoldville le 28 octobre où on biffe la griffe « ENREGISTRE »
et mise en recommandation sous le numéro 4141. Passage par Boma le 31
octobre 1900.
Début de la déformation de la griffe « Recommandé » de
Léopoldville, qui au cours du temps va perdre ses barres obliques
(manque déjà une partie de l’oblique gauche).
Affranchissement
« parfait » pour 1.15 Frs à l’aide du 1Fr lilas (lettre recommandée) et
du 15c ocre (enregistré). L’expéditeur a identifié en rouge les timbres
apposés sur l’enveloppe afin de prévenir tout vol du porteur avant la
rentrée de la lettre dans le service postal.
Recommandé non enregistré
Lettre partie de Manyanga et
affranchie par l’expéditeur à 1.15 frs soit le tarif pour une lettre
enregistrée à recommander partant de l’intérieur. Or le premier bureau
rencontré par la lettre est un bureau de recommandation (Matadi le
8/12/98) et elle n’a donc pas été enregistrée. On y vérifie le poids
(11gr recalculé à 8gr), soit 1 port, on y applique la recommandation
sous le N°1 et on annule l’ensemble de l’affranchissement.
Carte-vue enregistée &
recommandée – 1.15 Frs
Carte-vue partie d’Ibembo le 30 avril 1902 à
destination d’Eeckeren-lez-Anvers où elle parvint le 10 juin : Anvers &
Eeckeren. Mise en « enregistré » (sous numéro 388) , affranchie au tarif
global dès le départ, avec mention « à recommander à Léopldville ». Tous
les timbres sont oblitérés au départ. Il est intéressant de noter que
nous avons içi le dernier jour du tarif à 50c. pour les cartes-vue ; il
devient 15c. à partir du 1er mai 1902.
Arrivée à Léopoldville le 11
mai où on biffe la griffe « ENREGISTRE » et mise en recommandation sous
le numéro 804.
Carte-vue partie de Basoko le 30 septembre
1902 à destination de Bruxelles où elle parvint le 25 novembre. Mise en
« enregistré » (sous numéro 244) , affranchie au tarif global dès le
départ, avec mention « à recommander ». Tous les timbres sont oblitérés
au départ. Arrivée à Léopoldville le 24 octobre où on biffe la griffe
« ENREGISTRE » et mise en recommandation sous le numéro 1924.
Carte-vue partie de Basoko le 24 septembre 1902 à destination de
Bruxelles où elle parvint le 24 novembre. Cachet de facteur belge N°213
et diverses indications pour cause d’absence à la présentation du
recommandé. Mise en « enregistré » (sous numéro 237) , affranchie au
tarif global dès le départ.
Arrivée à Léopoldville le 13
octobre où on biffe la griffe « ENREGISTRE » et mise en recommandation
sous le numéro 1810.
Ces 2 cartes-vue sont de la
même archive, au tarif : carte-vue (15c.) + ENREGISTRE (15c.) +
Recommandé (50c.) soit 80c. ; or la carte est affranchie à 1.15 Fr.
L’expéditeur n’était sans doute pas encore au courant des nouveaux
tarifs pour les cartes-vue depuis le 1er mai 1902, passant de 50c. à
15c.
Lettre enregistrée ,
recommandée & AR– 1.40 Fr
Lettre annulée à Popocabacca le 15 juillet
1899 et partie le lendemain à destination de Bruxelles où elle parvint
le 15 septembre.
Mise en « enregistré » (sous numéro 117),
affranchie au tarif global dès le départ.
Arrivée à Boma le 30 juillet,
mise en recommandation sous le numéro 2152 et apposition des griffes
« recommandé » et « AR » (accusé de réception) .
Tarif :
·
Lettre simple port : 50c.
·
ENREGISTRE : 15c.
·
Recommandation : 50c.
·
Accusé de réception : 25c.
Soit
au total 1.40 Fr.
Ex – collection Du Four
Lettre commerciale (4
ports) enregistrée & recommandée
Lettre partie
de Basongo le 14 mai 1903 à destination d’Anvers où elle parvint le 2x
juin 1903.
Mise en
« enregistré » (sous numéro 212), affranchie au tarif global dès le
départ.
Arrivée à Léopoldville le 22 mai, on biffa l’ENREGISTRE et mise en
recommandation sous le numéro 1022.
Calcul exact
du port = 58 grammes, soit 4 ports ; l’expéditeur a dû peser
approximativement 60 grammes et affranchir par sécurité à 5 ports, ce
qui donne un total de 3.15 Fr au lieu de 2.65 Fr nécessaire.
Tarif :
·
Lettre 4 ports :
2.00 Fr. (4 x 50c)
·
ENREGISTRE : 15c.
·
Recommandation : 50c.
Soit au total 2.65 Fr, 50c de trop –
mis par sécurité au départ
Ex- collection Du Four
Entier postal
enregistré à 30c.(sans recommandation)
Entier postal parti de
Tumbu-Mani le 7 mars 1903 à destination de Bruxelles où il parvint le 2
avril. Passage par Tumba le 10 mars et Matadi le 12 mars.
Mise en « Enregistré » sous le
numéro 158 ; pas de recommandation (ni demande manuscrite, ni
affranchissement). La griffe « Enregistré » n’a été biffée, puisque
l’entier ne devait pas être recommandé ; il est donc resté sous la
« protection « de l’« enregistré » pendant tout son acheminement à
travers le Congo, redevenant un entier normal en service international.
CV enregistrée à 30c. (sans
recommandation)
Carte-vue partie de Pweto 3
mai 1903 à destination de Berne/Suisse où elle parvint le 5 août.
Mise en « Enregistré » sous le
numéro 36/22 ; pas de recommandation (ni demande manuscrite, ni
affranchissement). La griffe « Enregistré » a été biffée par erreur,
puisque la carte-vue ne devait pas être recommandé ; elle est donc resté
sous la « protection « de l’« enregistré » pendant tout son
acheminement à travers le Congo, redevenant une carte-vue normale en
service international.
Indication manuscrite
probablement apposée à Léopoldville :
« Affranchissement
insuffisant pour recommandation »
Imprimé en enregistré vers
l’intérieur – 45c
Lettre
partie de Matadi le 29 avril 1900 à destination de Kinshasa.
Mise en ENREGISTRE (sous le
N°5) uniquement car à cette époque, il n’y avait pas de recommandation
vers l’intérieur.
Tarif :
·
Imprimé (papiers d’affaire) vers
l’intérieur par 50 grammes : 5c.
·
Enregistré :
15c.
·
Recommandation pour l’intérieur
(apposée par l’expéditeur) : 25c.
Soit au total 45c., alors que
20c. seulement était nécessaire.
Il semble donc qu’à cette
époque, la recommandation se limitait aux villes de l’embouchure du
fleuve Congo.
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