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Madagascar série "Zébu - Arbre du Voyageur - Lémur"
1er tirage - fin 1903 (les timbres seront à Madagascar début 1904)
2ème tirage - 1905
Benjamin DAMMAN
TAILLE-DOUCEEnsemble de procédés de gravure à la main et d’impression qui se caractérisent par le fait que le dessin à reproduire est gravé en creux sur la plaque matrice. La taille-douce s’oppose ainsi à la taille « d’épargne », généralement sur bois, où le dessin est épargné par la gouge et demeure en relief, les blancs étant évidés une fois la plaque terminée. La taille d’épargne est le procédé le plus ancien et le plus sommaire, plus fruste et dur (techniquement et esthétiquement) que son contraire la taille-douce. La taille-douce pose plusieurs problèmes : le dessin à encrer étant en creux, les surfaces planes devront venir en blanc et, par conséquent, être bien essuyées après l’encrage, de sorte que l’encre ne reste que dans les creux (tailles) ; la taille-douce doit donc se pratiquer sur métal, ce qui permet de grandes finesses, inspirées dans leur technique initiale des travaux d’orfèvrerie. En outre, l’encre étant dans les tailles, elle ne sera reportée sur le papier que sous l’action d’une forte pression ; le papier doit être très légèrement humidifié. C’est pourquoi la taille-douce n’a été possible qu’après l’invention, sans doute en Allemagne, de la presse (milieu du XVe s.), bien adaptée à cette technique particulière. Alors que les tailles d’épargne sur bois peuvent être imprimées avec de simples presses typographiques, voire à la main avec des frottons (tampons de tissus), les gravures en taille-douce nécessitent cette presse particulière munie de grands bras que l’imprimeur, s’aidant des pieds et des mains, doit faire tourner pour faire passer planche et papier sous des rouleaux qui exercent une pression de plusieurs tonnes. L’imprimeur taille-doucier est donc un spécialiste qui possède plusieurs « coups de main » pour régler la pression et pour retirer la gravure imprimée protégée par des langes (morceaux de tissu épais). L’encrage de la planche est long et délicat : l’encre ne doit subsister que dans les tailles, mais pour la faire affleurer et pour obtenir plus de douceur dans les traits, il faut savoir « retrousser » la planche avec un chiffon fin. L’essuyage des parties non gravées doit se parfaire avec la paume de la main. L’impression en couleurs nécessite un encrage encore plus long, si l’on met toutes les couleurs sur la même planche pour la tirer en une seule fois, ou un repérage délicat si l’on doit passer une planche par couleur, car l’encre doit se superposer sur le papier sans décalage. Les premiers essais de taille-douce sont postérieurs d’environ un demi-siècle à ceux de la gravure sur bois, beaucoup plus fruste. Au contraire de ces bois populaires à sujet presque exclusivement religieux, les premières gravures sur métal sont nées, un peu avant le milieu du XVe siècle, dans des milieux d’orfèvres et d’artistes, en Allemagne et à Florence. Les débuts furent incertains et l’on multiplia les expériences (gravures en taille d’épargne sur métal, dites en anglais metalcuts et en français criblés). Après les Florentins, c’est Albert Dürer qui, autour de 1500, apporta une autorité définitive au procédé qui remplaça de plus en plus la gravure sur bois. Jusqu’à l’invention des procédés en aplat (lithographie, reports photographiques), la taille-douce est la technique la plus employée. Elle jouit encore, mais exclusivement auprès des artistes pour des raisons esthétiques, d’un grand prestige ; elle passe pour être le procédé de la « gravure » par excellence, le seul qui exige le concours physique du créateur. Mais le burin, instrument essentiel du graveur en taille-douce, a été négligé au profit des techniques plus souples de l’eau-forte et de la pointe-sèche. |